Je ne savais même pas où est-ce que j'avais trouvé la force de l'appeler, mais je l'avais fait. Entendre sa voix m'avais fait tout drôle, et notre discussion n'avais pas duré longtemps, mais voilà, c'était fait. Je lui avais donné rendez-vous ce soir à la boite, et il avait accepter. Après tout ce temps sans aucunes nouvelles, nous allions nous revoir. Je savais qu'il avait eu un accident, mais c'est tout, rien de plus. Peut être allais-je en apprendre plus ce soir ? Ou peut être pas. Je n'en savais rien, tout ce qui comptait pour moi, c'était que j'allais le revoir, et j'avais hâte.

J'étais arriver bien en avance, étant donner que j'avais quelques petites choses à régler avant qu'il n'arrive. Rien de bien méchant, mais cela prenais du temps, si bien que lorsque j'eu fini, il ne restait plus qu'une vingtaine de minutes avant qu'il n'arrive. La boite avait commencer à ce remplir, comme tout les soirs, et j'avais décidé d'aller me poser à l'une des tables se trouvant à côté de la piste, regardant les gens qui commençaient à arriver. Parfois, je me laissais aller à regarder quelques jolies femmes, mais je n'étais pas d'humeur à draguer, j'étais bien trop stressé pour ça. Je regardais ma montre toutes les dix secondes, attendant le moment fatidique avec impatience. Je me demandais si il allait venir, si il me reconnaitrait, comment est-ce qu'il allait se comporter, enfin, ce genre de chose.

Et puis, il arriva finalement. Avec un peu de retard, mais je m'en fichais, au moins, il était venu. Dès le premier coup d'oeil, il m'avait reconnu, ce qui était déjà ça, mais je voyais bien que quelque chose n'allais pas, qu'il était gêné. Je l'accueillis avec un sourire, sourire qui s'efface vite au moment où il commence à parler. Je m'étais attendu à beaucoup de chose, mais pas à ça. Donc, il pensait que je lui en voulait ? Je devais l'avouer, au début, je lui en avais voulu, mais à présent, je n'avais qu'une idée en tête, rattraper le temps perdu.

C'est bon, arrête, je t'en veux pas, d'accord ? Maintenant pose ton cul sur cette chaise, on a du temps à rattraper.

Non, il était hors de question que notre discussion s'arrête là. Il avait renvoyer la serveuse, mais je l'avais vite rappelée, commandant un double whisky pour chacun de nous. Je l'avais ensuite regarder avant de lui sourire à nouveau, pour qu'il arrête de stresser et qu'il se détente.

Alors, raconte, je t'écoute.

A ma dernière phrase, je le voyais un peu hésité. En lui demandant ça, je ne voulais pas forcément parler de son accident, mais plutôt de sa vie, comment il s'en remettait. Je savais bien que de parler de ce genre de chose n'était pas chose facile, surtout lorsqu'on ne se souviens pratiquement de rien. Cela me faisait penser à ce qui c'était passer avec Sonia. Ce fameux jour, ce fameux accident, qui avait tout fichu en l'air. Rien que d'y penser, je sentais mon coeur se serrer. Cela faisait des années maintenant, mais j'avais l'impression que tout cela c'était passer hier.

Je l'écouta me raconter ce qu'il savait, bloquant quelque peu sur ses paroles. En vérité, je savais juste qu'il avait eu un accident, pas qu'il était accompagné, et encore moins que les autres étaient mortes. Enfin, apparemment une des deux en tout les cas. J'avais tout d'un coup quelques questions à lui poser, mais je préférais me taire. Au moins, lui s'en était sorti. Je ne savais pas quoi lui dire, si bien que je baissa les yeux quelques secondes, le temps pour lui de me parler à nouveau. Je me redressa alors un peu, posant ma main sur son épaule en signe de réconfort alors qu'il buvait.

Arrête d'y penser, ça ne sert à rien à part te ronger un peu plus chaque jour. Je sais ce que tu traverses, je le sais mieux que personne. Il faut que tu trouves quelque chose à faire de tes journées pour que ça te sorte un peu de la tête. Je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire, mais tu peux y arriver. Si moi je l'ai fait, tu peux le faire.

Je lui mentait, oui, mais je n'allais pas lui dire que je pensais à Sonia tous les jours depuis sa disparition. Je ne pouvais pas non plus lui dire que si je me ruinais la santé, c'était pour plus rapidement la rejoindre, parce que je n'en pouvais plus de cette vie sans elle, et que je n'avais pas la force d'en finir un bon coup. Bon sang, si Winston savait la vérité sur moi… Non, elle ne savait pas, et il ne fallait pas qu'elle sache. Il fallait qu'elle s'occupe d'elle, un point c'est tout.

Je pris mon verre en lui relâchant l'épaule, le vidant cul-sec sans problème avant d'en recommander un autre. Je regarda ensuite à nouveau mon ami dans les yeux, faisant un léger sourire tout en sortant mon paquet de cigarette pour me servir dedans avant d'en proposer une à Henri. Je l'alluma ensuite, croisant mes bras sur la table..